Le noir et le blanc dans la vie

Pour fabriquer du noir en matière il faut un tiers de bleu un tiers de rouge et un tiers de jaune. A partir de ces couleurs mélangées vous pouvez fabriquer toutes les couleurs de la terre. Vous imaginez aussi le nombre de nuances ! Vous pouvez imaginer aussi le nombre de sentiments que peuvent évoquer ces couleurs et ces nuances.

La haine, l’amour, la joie, la tendresse, le plaisir, la folie, la révolte, tous ces sentiments exprimés par les couleurs et leurs nuances se trouvent contenues dans le noir !

Le noir, le noir matière, possède son opposé direct : le blanc de la lumière. Le blanc en lumière est le mélange de toutes les couleurs de la lumière de l’infra-rouge à l’ultra-violet. Si vous éteignez la lumière vous n’avez plus rien pour éclairer vos couleurs matières, on dit que vous êtes dans le …noir ! Je viens d’introduire le noir et le blanc dans la vie.

Un peu d’histoire

Le noir et le blanc au cours des siècles en France et dans le monde ont toujours été en dualité ou en complicité. En France, au XV et au XVI siècle, le noir et le blanc ont été traités de non couleurs. Pourtant Rubens était passé par là, lui qui exigeait de son graveur que transparaisse la richesse des couleurs de ses tableaux dans des gravures en noir et blanc.

L’imprimerie, lettres noires et papier blanc, a contribué à cette « décoloration »subjective du noir et du blanc. Simultanément à cela madame de Maintenon à Versailles mettait à l’étiquette le noir. Le noir pour être en accord avec une population qui souffrait et un roi soleil qui s’éteignait en cette fin du 17ème siècle.

Triste ou joyeux ?

Alors triste le noir et joyeux le blanc ? Ni l’un ni l’autre car une couleur n’existe pas toute seule ! Elle existe à côté des autres, en rapport avec les autres en contraste avec les autres. Au 19ème siècle les impressionnistes ont découvert le blanc, le blanc matière, le blanc dehors, le blanc de la nature. Ce blanc qui n’est pas blanc, qui est une couleur dégradée, pâlie : on parle de couleurs de blancs !

En même temps à cette époque, Cézanne entourait ses pommes d’un rond noir pour faire une focale, pour rendre la pomme plus belle, plus juteuse, pour rendre ses couleurs plus fortes.

La couleur a-t-elle besoin d’être cernée entourée pour être palpable ?

Peu après, Johannes Itten a déterminé 7 contrastes entre les couleurs, 7 façons de les mettre en valeur les unes par rapport aux autre. L’un de ces contrastes nous intéresse : le clair-obscur qui peut être un noir opposé à la lumière mais aussi un noir opposé à un blanc. Le chic du début du 20ème siècle était d’associer une part de blanc à ce noir, de poser un col blanc sur une robe noire ou un abat-jour blanc sur un pied de lampe noir.

Tout de suite après, avec les grands couturiers, avec le design, le noir est devenu un symbole de modernité, un symbole de jeunesse de créativité de sérieux mais aussi de domination.

En France, aujourd’hui, le noir et le blanc ne sont plus que des exhausteurs de couleurs !

Ils étaient déjà des exhausteurs de sentiments se trouvant l’un et l’autre à l’autre bout de la chaîne de la vie. Le blanc a tantôt servi à habiller un nouveau né et à envelopper un mort. Le noir couleur de deuil a aussi servi à mettre en valeur les charmes d’une belle dame.

A propos de modernité …. 80 pour cent de la population européenne a adopté le noir dans sa garde-robe… De là, à imaginer que 80 pour cent de la population du métro parisien est moderne et créative… Je laisse la réponse en suspens !

Le blanc, dès la fin du 19ème, était symbole de propreté, de technicité et de  vertu, au 21ème siècle en France il recouvre les murs des habitations !

Couleurs ou pas ?

Le blanc et le noir sont-ils redevenus des couleurs ou des faire-valoir de couleurs? Parle-ton d’un noir ou de noirs d’un blanc ou de blancs ?

Faire-valoir… Je ne peux pas finir ce propos si je n’évoque pas la saveur des couleurs, l’odeur des couleurs, la rugosité des couleurs la douceur des couleurs, le bruit des couleurs et nos cinq sens sollicités par les couleurs même si celles-ci sont en noir et blanc !

Je vous laisse imaginer

Un repas blanc : endives, cabillaud, riz, fromage blanc et litchis.

Ou un repas noir :  caviar, tapenade aux olives noires, risotto à l’encre de seiche, gâteau au pavot et crème de chocolat noir.

Dans une assiette blanche ou noire !

Couleurs ou monochromes ?

Geneviève Naudin

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